Sorcières à brûler.
Je n'ai pas écrit ce post comme à mon habitude, d'un trait. J'y suis revenue plusieurs fois, pour ne pas heurter les âmes sensibles.. rires. Et puis je me suis dit que je n'avais rien à prouver à personne, que mon blog n'est pas une vitrine de la parfaite Dominatrice, moins encore de la SadoMaso qui détient la vérité suprême. Tant et tant de femmes, d'hommes dictent des règles de conduite dans le domaine, ce qui ne mène à rien, sinon se rassurer qu'elles (ils) sont des génies dans l'art de manier la baguette ou possèdent assez de psychologie pour faire ramper (ou respecter leur petite personne), des soumis(e)s, surtout avides de plaisir et de reconnaissance (les masochistes qu'on appelle soumis(e)s sont des gens intelligents, rusés souvent)...Chacun son truc n'est-ce pas ! mais j'arrive dans le vif du sujet... (non tourlourou, il ne s'agit pas de ta fente).
Il ne me viendrait même pas à l'idée de pousser un coup de gueule, tant "le vif du sujet prête à rire"... que parfois ça en devient pitoyable.
Nous y voici :
Certaines annonces d'hommes soumis (je dis bien certaines, mais ceux qui ne le précisent pas y pensent fortement) :
- Vénalité exclue,
- Je ne recherche pas une pro,
- Je recherche une femme qui domine pour le plaisir,
Coté Dominatrices, c'est guère mieux... Elles se vexent, tapent du pied, comme s'il s'agissait d'un crime lèse majesté, si on les prend pour des professionnelles. "Oh médor, je ne suis pas celle que tu croies, je suis une femme honnête moi" ! Je ne sais plus qui chante "une femme honnête n'a pas de plaisir".
De 1995 à 97... trois ans, durant trois ans, j'ai été une Dominatrice vénale. Oui ma brave dame, oui mon bon monsieur ! (certains vont s'exclamer qu'ils s'en doutaient) d'abord par jeu; ensuite je me suis prise au jeu.... et j'éprouvais grand plaisir à dominer (se méfier des idées fausses). C'est un homme qui avait tellement envie de me rencontrer qui m'a proposé de l'argent le premier... j'aurais été bien conne de refuser. Je n'avais pas de donjon (je n'en ai jamais eu)... La lueur dans ses yeux lors de la rencontre, ainsi que sa bosse au pantalon m'ont stimulée... Immédiatement je comprenais que ce n'est pas la Dominatrice qui fait bander le soumis, mais la situation qu'il a fantasmé, quand il se retrouve devant la femme... Allez expliquer cela à de jeunes (pas toujours en âge, mais par degré d'approche dans la domination) Dominatrices débutantes, toutes fières de voir une queue en érection.
La vénalité est une école de la vie, à condition de ne pas attendre après ça pour manger, encore moins pour vivre... Je dirai plus que j'ai fait ça par vice que par besoin, j'ai aussi un job. Je ne vais pas faire son apologie, ce n'est pas le but. Tous mes amis proches le savent, ce post ne sera pas pour eux une révélation.
J'ai connu durant cette période des hommes extraordinaires, intelligents, respectueux, toujours aux petits soins, certains beaux mecs, très beaux.. d'autres moins, comme parmi ceux qui recherchent une non vénale... La vie quoi !. Des hommes qui ne voulaient certainement pas s'engager dans une "relation suivie", certains mariés qui savaient qu'une fois la porte de mon immeuble franchie, je ne les assommerais pas d'appels téléphoniques inutiles, je ne leur ferais pas de crises de désespoir... et je n'attendais plus rien de ces soumis, qui souvent me remerciaient par téléphone. Des hommes occupant de hautes fonctions, dans tous les domaines, des hommes du show biz biz (comme se décrivait un humoriste fort connu)... J'ai raté deux mariages.. rires... dont un soumis qui m'invitait trois jours dans son château pour avoir un avant goût de la vie de princesse qui m'attendait... J'ai vu... Belle prison dorée, j'ai dit non.
J'ai toujours refusé les invitations à déjeuner, dîner (sauf au châtelain qui devenait par la suite un ami, et un autre ami cher), mais j'ai toujours reçu avec plaisir, parce que certains n'arrivaient jamais les mains vides, fleurs, chocolats, bouteilles de champagne... Je me souviens d'un homme qui m'avait dit "puis-je vous appeler "Maître" ? et qui me portait une bouteille de Pineau des Charentes, en s'excusant de ne pouvoir faire plus... forcément, il y avait aussi le prix de la séance. C'est comme chez le psy, s'il n'y a pas échange, la séance n'est pas bonne.
Certainement que ma confiance en moi dans le SM vient de cette époque... J'étais pour eux une Déesse, mais je n'étais pas dupe (j'en reviens aux hommes qui bandent sous le coup de la pulsion). J'étais aimée, adulée, respectée. Me revient à l'instant à l'esprit toutes ces femmes qui paieraient presque pour se faire appeler Déesse, qui n'arrivent pas à rencontrer la perle rare, et vont de déceptions en déceptions.
Le plus bel éloge que je reçus bien des années plus tard, alors que je me trouvais chez mon amie Françoise, émane d'un homme avec qui elle dialoguait alors sur un chat... "que devient cette personne que j'avais rencontrée dans le ( mon arrondissement de l'époque, il citait le métro), femme intelligente (un qui ne voyait pas que mon cul), j'en garde un excellent souvenir"... Moi aussi je me souvenais très bien de lui.
Ca faisait un moment que j'avais envie d'évoquer ce passage de ma vie... Suprême insulte de la part d'une Dom à un soumis "Vous n'avez qu'à aller voir une vénale"... Je lis actuellement tant de conneries sur la vénalité, sans oublier les femmes qui se prétendent non vénales, dénoncent les vénales, mais se font offrir des cravaches Hermés, des voyages à NYC, des cuissardes hors de prix, et considèrent les soumis comme leurs larbins, sans aucun respect pour eux.
PS. A ceux et celles qui chercheront à me jeter la pierre, ne visez pas la tête, mais plutôt mes fesses !
Illustration Nancy Farmer - merci Manon