Bâtaime-moi.
Voici un petit texte trouvé sur le net, qui devrait plaire à tous les soumis et soumises / directifs / masochistes, qui cherchent le bâton pour preuve d'amour. Ce texte est traduit du latin, c'est vous dire s'il est ancien...
Mais ce n'est pas tout... il s'agit aussi d'un traité médical. "La flagellation serait un remède à bien des maladies, surtout appliquée sur les reins" (sic !). Alors là, permettez-moi d'en douter... La médecine en ce temps là était bien succincte.
« Jean Barclay, dans son Icon Animorum, rapporte une anecdote qu’on ne sera pas fâché de trouver ici.
Un homme de basse extraction quitta l’Allemagne et se retira en
Moscovie. Si vous êtes tant soit peu curieux de le savoir, il se
nommait Jourdain. Le séjour lui ayant paru agréable, il résolut de s’y
fixer, et il s’y maria. Passionnément amoureux de sa femme, il
n’épargna rien pour l’en assurer, mais ses efforts furent inutiles ;
elle souffrait intérieurement un chagrin qu’elle voulait cacher, mais
que la rougeur de ses yeux, ses soupirs et ses sanglots trahissaient à
chaque instant. Son époux lui demandant la cause de cette tristesse et
cherchant à deviner en quoi il avait manqué au devoir de la tendresse,
elle lui parla en ces termes, après s’être fait longtemps presser :
"Pourquoi fais-tu si bien semblant de m’aimer ? Crois-tu me tromper ?
Crois-tu me cacher plus longtemps que je suis vile à tes yeux ?" Et en
même temps elle versait un torrent de larmes. Jourdain étonné de ce
langage, lui demanda en quoi il l’avait offensée ; que peut-être il
avait manqué en quelque chose, mais qu’il réparerait cette faute par
plus de soins. "Enfin, lui dit-elle, puisque tu fais semblant de
l’ignorer, où sont donc les verges avec lesquelles tu m’as apprise à
t’aimer ? Ne sais-tu pas que c’est chez nous l’unique moyen que doivent
employer les hommes qui veulent nous persuader de leur amour ?"
Jourdain, à ce discours, fut longtemps dans une stupeur profonde et eut
toutes les peines du monde à s’empêcher de rire. Bientôt, la première
surprise passée, et sa femme persistant à lui parler sérieusement, il
fut forcé de croire que ce traitement était indispensable. Mais comment
se résoudre à battre une femme qu’on aime ? Il n’y avait pourtant pas
de milieu, il eût été haï ; il s’y résolut donc avec beaucoup de peine.
Peu de jours après, il saisit un prétexte d’humeur de sa femme, et
prenant un bâton, lui administra la correction la plus conjugale. Le
remède fit merveille, et sa femme commença à le chérir de la meilleure
foi du monde. » (C.-F.-X. Mercier de Compiègne-, De l’Utilité de la flagellation)
Illustration Topfer..