Maso.. vous avez dit maso ?
J’ai constaté que nombreux soumis récusent le masochisme moral..
- Moi, je ne suis pas masochiste, je ne prends aucun plaisir dans la douleur !
Ceci, pour faire suite à un débat houleux tenu sur ce blog, concernant la privation d’orgasme, la chasteté (imposée par le soumis lui-même).
‘Le masochiste ne diffère l’accomplissement du plaisir sexuel que par ardeur de vivre, et non pas démission devant la pulsion de mort… Il ne désire ‘la souffrance’ (je me permets une parenthèse, ici le mot ‘souffrance’ a toute sa place, puisqu’il ne s’agit pas d’une ‘douleur’ physique, mais d'une vraie souffrance morale) que pour mieux faire bruler le flambeau de la vie. Il élève une barrière volontaire devant le désir, il apprend la lenteur, les détours, les risques, l’échec . Il diffère le cours du désir et l’accomplissement de son but. Il crée un écart, un empêchement. Toute la poésie, toute la littérature est là – et aussi toute la folie. Le troubadour qui s’invente un éloignement géographique, un mari-obstacle, un rang inférieur à celui de sa dame, n’importe quoi pourvu que perdure la distance, a compris l’usage du masochisme. Où a-t-on appris (sinon dans Freud) que le désir devait être, comme dans *Le Meilleur des mondes, immédiatement satisfait ? Qu’il était comme une tension désagréable, dont il fallait se débarrasser au plus vite pour retrouver temporairement un peu de tranquillité ?
Le désir est une force qu’on peut volontairement faire dériver vers d’autres buts que le -but sexuel normal- même au risque de l’échec, ou de l’angoisse. Telle est l’essence même de la ‘perversion'.
*Le Meilleur des mondes est un roman de Aldous Huxley. Trois types complémentaires de résistants au système répressif ambiant sont proposés, qui peuvent être conçus comme les trois phases d’une dramatique libération : le romantique, le masochiste et le mystique'.
LE MASOCHISME
Anne Larue
Editions Talus d’approche
La photo a été empruntée ici