Mardi gras

Les masques ou schizophrénie sur Internet..

Je m’appelle Gisèle. Gisèle Durand.  béret sur la tête et baguette de pain sous le bras.. Ca fait très franchouillard. J’attends avec impatience les vacances en caravane et je fredonne des refrains de Michel Sardou. En semaine je travaille derrière un guichet, c’est marqué " la Poste " là sur mon front. J’ai un brin de moustache au-dessus de la lèvre supérieure et je fais la gueule en surveillant la pendule. Mon œil glauque vérifie les tickets que les clients pressés me balancent en pleine poire.. des fois qu’ils trichent ! De temps en temps j’me refais une beauté. Rouge à lèvres et poudre sur le nez.. Si je parais coincée dans mon gilet fermé, c’est pour ne pas aguicher le préposé… j’suis mariée !

Depuis peu de temps y’a les copines qui me surnomment Gisou. (merci  !). Je suis Gisou, patronne de bordel. Plus jeune j’étais une fille perdue, je dois dire que j’ai bien réussi, j’men suis sortie ! Gros seins, jupe fendue et bouche en cul de poule, . J’ai plus 20 ans depuis longtemps, mais je peux me permettre toutes les fantaisies. Les filles sont gentilles.. j’suis dure avec elles, c’est pour leur bien. J’leur dit toujours "le trottoir c’est incertain, c’est le ruisseau ou le cimetière, t’as pas toujours la capote dans ton sac et le client est exigeant". Des fois jm’emmerde derrière mon guichet.  Y’a Internet pour l’homme moderne, des pt’tites nanas bien au chaud le reçoivent,  sans culotte... un verre à la main. Le métier se perd. Y’a un habitué qu'a ce refrain : " m’dame Gisou quand m’accorderez-vous vos faveurs ? ", alors on rigole, j’lui réponds " et mon cul c’est du poulet ? " ça s’termine dans l’escalier j’lui claque son fessier !

Depuis 16 ans je suis Juliette. Je n’ai jamais eu de nom, mon père spirituel ne m’a pas reconnue. Mon univers c’est le grand frisson, le rêve, les chimères.. J’ai voulu imiter les oiseaux, m’envoler toujours plus haut. J’en reste convaincue, je n’y parviendrai que le jour, à l’heure, à la seconde du dernier voyage. Eternelle insatisfaite je joue en attendant et je caresse mes douleurs… J’ai parfois en moi l’espérance. Sade et Masoch ne sont pas mes livres de chevet je préfère m’inventer des contes de Sorcières qui finissent bien.. Des fois ça marche.. J’ai rencontré des gens qui m’ont aidée à m’envoler sur mon balai..

Saïda c’est ma dernière invention.. faut  dire qu’il m’a provoquée.. On ne résiste pas à Saïdamour..

J’ai aussi une dernière identité…. Si je veux, à qui je veux !!

Pochoir Miss-Tick