Bons baisers.
Hier je me rendais au marché sous une pluie battante. Avant de rentrer, j'allais prendre un verre à la terrasse d'une brasserie. Habituellement j'ai toujours une revue ou un livre dans mon sac, hier au milieu d'un bordel indescriptible, je ne retrouvais que le petit carnet qui ne me quitte jamais, et un stylo.. J'aime aussi ces plaisirs simples, consigner une pensée, noter un regard, une attitude, quelque chose de drôle ou d'émouvant... scènes de la vie ordinaire.
Je relisais... en date du 3 août..
- Appeler L. et C.
- laverie sans faute ce soir
- fin de la guerre
Je ne suis pas une guerrière... les armes je les regarde avec répulsion dans les livres d'images, ou au cinéma. Frôler la mort par une arme ne m'a jamais fait bander, la vie se charge de nous apporter des sensations quand la maladie nous frappe en pleine gueule.. Et le slogan d'antan "faites l'amour pas la guerre" me parait simpliste. Pour faire l'amour il faut qu'il y ait amour.
Je comprends les femmes qui jouissent sur commande dans un club échangiste pour faire plaisir à leur Jules, j'admet les coups d'un soir.. Moi aussi je m'y suis risquée, j'ai essayé.. alors que nous allions nous "éclater" chez Chris et Manu... Ca ne m'a rien apporté.. vide complet, même pas de regrets...
"Fin de la guerre" ai-je écrit... Il s'agit de la guerre des mots. Le SM n'est pas un jeu guerrier.
Dans le SM, nous savons tous combien les mots sont importants... avant, pendant, après. Scribon, alors mon compagnon de jeux troubles durant de nombreuses années, ne venait jamais me voir si dans les jours qui précédaient notre cérémonie je ne lui avais pas détaillé avec minutie (moi, je préfère les surprises), sa tenue, les instruments ou gadgets utilisés, ce que j'allais lui faire, les sensations qu'avant l'heure nous éprouverions, l'état de sa queue... Je le sentais déjà en dialogue, dans tous ses états...
Les jours suivants notre rencontre, voilà le seul homme qui par ses mots, me faisait pleurer d'émotion avec son attention, son amabilité, sa tendresse... Longtemps après, nous sommes toujours restés en contact. Scribon n'est pas un guerrier.
"Fin de la guerre"
Celui qui fut ma chienne durant ces dernières années, est un guerrier, un provocateur. Son narcissisme est destructeur (souvent j'ai eu mal pour son ego de ne pas lui dire combien il s'avilissait en déployant son artillerie lourde, pourtant lui aussi savait user de jolis mots)...
La guerre est terminée.. "il m'a fait trop de bien pour que j'en dise du mal, il m'a fait trop de mal pour que j'en dise du bien".
Dans la guerre qu'il déclanchait, et dont il se nourrissait comme d'un moteur pour assouvir son masochisme (guerre... paix, guerre... paix, comme un addict à sa came avec des flashs et des descentes), il n'y a ni gagnant ni perdant. Il y a juste que plus jamais les mots ne passeront par nous...
Vous revenez de vacances, c'est le moment que je choisis mercredi, pour partir vers d'autres contrées... Les commentaires seront alors à valider, mais je ne désespère pas trouver un cyber-café, là où j'aurai posé bagages.
Baisers à tous. Et surtout, restez de joyeux érotomanes !
Illustration : "Baisers" Andy Warhol